Une Nuit à Proncilia.

Nous n’avons pas eu l’occasion d’interroger le témoin de l’affaire Melkior à cause de la venue d’un haut dignitaire du roi qui a retenu toute notre attention. La suite de l’enquête est donc remise à demain. Comme il a été ordonné par Feonir, le commandant de la troisième patrouille.
Rapport journalier du Zanda 3 Falonas par Asreal, assigné à la troisième patrouille.



Les derniers rayons de soleil finissaient par mourir laissant place au règne de la nuit. Encore une journée qui se termine pour la belle et grande Proncilia. Chacun fête la fin de la journée à sa propre façon. Pour certains c’est l’heure de rentrer chez soi, de retrouver la chaleur accueillante d’un bon feu de cheminé. Le moment rêvé pour se retrouver en famille et profiter des derniers instants de quiétude qui annonce les prémices d’une dure et interminable journée de travail acharné. Pour d’autres c’est l’occasion de se détendre, entre ami, à la taverne, autour d’une bière bien fraiche. Ce n’était pourtant pas de l’homme assit à son bureau occupé à rédiger un rapport.



Asreal approche de la vingtaine et il est plutôt grand pour son âge. C’est un homme à l’allure fière pourvu d’une musculature notable et caractérisé par les traits durcis de son visage figé dans une expression indéchiffrable. Une expression décourageant n’importe quel criminel qui en dit long sur le passé mouvementé du milicien. Deux yeux aux couleurs d’amande éclairent sa figure couronnée par une chevelure impeccablement entretenu.



Asreal aurait mille fois mieux préférer rejoindre ses frères d’armes à l’auberge. Non pas qu’il soit un amateur de boisson mais les rapports sont un aspect qu’il déteste tout particulièrement dans sa profession et le commandant lui en avait collé un sacré de rapport.




Je suis un combattant, un homme d’action, pas un rat de bibliothèque. J’en ai ma claque de ces histoires de rapport. Et puis c’est tout le temps moi qu’on demande pour ce genre de travail. Il faut que j’en touche quelques mots à Feonir. Il me porte dans son estime, je suis sûr qu’il peut arranger cela pour moi. Je ne suis pas contre le fait de remplir leur putain de rapport, mais ce n’est pas la fête tous les jours, bon sang !




Asreal commençait à perdre son calme et décida qu’il était l’heure pour lui d’aller se coucher. Demain sera un jour meilleur et il pourra se défouler à souhait dans la salle d’entrainement de la caserne. Cela au moins personne ne pouvait lui refuser. Il souffla sur la flamme de la lanterne qui lui faisait office d’éclairage et se dirigea, à grand pas, vers la fenêtre qu’il referma d’un coup sec. Le milicien se défit pareillement de ses habits de fonction et se faufila dans les draps de son lit. Il n’arrivait pas à dormir et ne cessait de penser à cette femme, Layla, dont il convoitait le cœur en secret, sachant bien qu’elle était hors d’atteinte pour un homme comme lui. Plusieurs heures passèrent. Son esprit commençait à voguer vers un sommeil profond quand un bruit presque imperceptible attira soudainement son attention.